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L’héraldique, c’est la science du blason, mais aussi l’art de la représentation des armoiries. Et cette représentation est double : visuelle et textuelle. Il s’agit donc de décrire un blason peint, et réciproquement de pouvoir peindre un blason décrit. Dès lors, l’héraldique est dotée de règles qui permettent la reconnaissance des armoiries, avec des couleurs et des symboles spécifiques.


Tous les blasons présentés sur cette page en vignette d'illustration sont dessinés par nos soins.

Ils peuvent être déclinés pour des motifs de bijoux ou d'accessoires. Nous pouvons également reproduire ou concevoir tout blason.
Voir à ce sujet notre service de conception de motifs.

À noter que :
- nous travaillons à partir de sources historiques quand elles sont disponibles.
- nous nous refusons de donner un aspect moderne, donc artificiel, aux blasons que nous réalisons.
Et lire : notre vision du blason, peut-être un peu réactionnaire, mais nous l'assumons.


Prenons quelques exemples simples que tous connaissent.

Depuis Charles V, les armes de France se décrivent ainsi : "D’azur à trois fleurs de lys d’or" et sont particulièrement reconnaissables, car tel était le principe à l’origine, avec des couleurs vives et des motifs de grande taille, l’ensemble permettant d’être facilement reconnu, même de très loin, au même titre qu’un drapeau.

collection de bijoux avec blason de France

Il n’est pas anodin de considérer que l’héraldique et la vexillologie sont deux sciences fortement liées, voire indissociables.

Les armes de Savoie se décrivent ainsi : "De gueules une croix d’argent", c’est-à-dire une croix blanche sur un fond rouge car lorsque l’on décrit un blason, on commence par indiquer le champ puis les symboles par couches successives, du dessous vers le dessus.

Les couleurs étaient en nombre très limité et réparties en deux catégories : les métaux, avec l’or et l’argent, soit le jaune et le blanc, et les émaux, avec notamment l’azur et le gueules, soit le bleu et le rouge. D’autres couleurs existent mais sont bien moins fréquentes.

Il existe en héraldique une règle essentielle, dite règle de contrariété des couleurs, qui s’exprime ainsi : "jamais métal sur métal, ni émail sur émail", c’est-à-dire que l’argent et l’or ne doivent jamais être juxtaposés, ni le rouge et le bleu. On ne verra jamais ainsi une croix rouge sur un fond bleu.

La croix d’or sur argent existe, mais il s’agit des armoiries de Jérusalem, ce qui vaut bien une exception.

Les métaux étant de couleur claire et les émaux de couleur intense, cette règle permet un bien meilleur contraste et donc une excellente lisibilité.

En troisième exemple, les armes de Bretagne se décrivent ainsi : "D’hermine plain". Le langage héraldique, à l’instar de la langue française, est implicite. D’hermine plain signifie en fait de fourrure d’hermine.

collection de bijoux avec blason de Bretagne

Aux métaux et aux émaux était associé un troisième type, peu fréquent, les fourrures : l’hermine et le vair (sans entrer dans le débat sur la nature des pantoufles de Cendrillon).
Les mouchetures d’hermine sont la stylisation des trois points servants à attacher le bout de queue noire au reste de la fourrure blanche de l’animal quand les peaux sont assemblées. Le bleu-blanc du vair correspond quant à lui à l’alternance entre la fourrure du dos et du ventre de l’écureuil nommé petit-gris.
Si le sable, la couleur noire, est généralement classé dans les émaux, certains le considèrent comme une fourrure, en raison notamment de l’association avec la zibeline.


Parler des armoiries de France, de Savoie ou de Bretagne, ce n’est pas la même chose que des armoiries de la France, de la Savoie ou de la Bretagne.
L’article déterminant implique la notion d’identité territoriale voire de nation, et tel n’était pas encore le cas dans un moyen-âge féodal où la terre était le seigneur et le seigneur la terre, un "l’État c’est moi" avant l’heure.
Valois, Bourbon, Orléans, Hohenstaufen ou Habsbourg, nombre de personnages et de dynasties de l’histoire de France et de l’Europe étaient davantage connus par leur fief d’origine, dont ils étaient en fait le nom.


En armure et casqué, comment savoir en 1214 à Bouvines que Coucy ("Fascé de vair et de gueules de six pièces") a désarçonné l’Empereur Otton de Brunswick, ou que Montmorency a capturé douze bannières ennemies, obtenant le droit de la part du Roi de placer douze aigles supplémentaires sur son blason, si ce n’est par l’héraldique ?

Sur le champ de bataille, il était impératif de reconnaître qui était qui, de le savoir et de le faire savoir. À défaut d’uniforme, il y avait la livrée du noble et de ses gents d’armes, avec le blason peint sur le bouclier, ce qui explique sa forme et son nom, l’écu. Aussi, le suzerain devait savoir qui de ses vassaux avaient bien répondu à l’appel en digne féaux.
Lors de la campagne de Flandre en 1297 du roi Philippe IV le Bel, l’Armorial de l’ost de Flandre décrit l’intégralité des participants, par le nom et le blasonnement. Cet armorial est à la fois l’un des plus anciens et des plus complets. L’on y retrouve par exemple "li sires de monmoranchi d'or a une crois de gheules et a seize egles d'asur es quatre cartiers", soit en termes héraldiques davantage contemporains "D'or à la croix de gueules cantonnée de seize aiglettes d'azur".

L’héraldique ayant son vocabulaire propre, l’aigle est féminin. Et si une aiglette est une petite aigle, c’est parce qu’il y en a beaucoup, donc dessinées de petite taille.
Par la suite, les blasons évoluant avec le temps, les aiglettes des Montmorency deviendront des alérions, c’est-à-dire des aigles sans bec ni pattes, en souvenir d’avoir fait fuir à Bouvines l’Empereur alors désarmé, une aigle (impériale) sans bec ni pattes donc.

Des origines de l’héraldique, les historiens se perdent en multiples conjectures, et même en erreurs. Certes des boucliers peints, mais aussi des sceaux personnels, des gisants, des pièces de monnaie battues, des étendards, des Croisades, des conflits familiaux et autres légendes, bref, souvent une vision romantique peut nous faire croire à tout, mais aussi à n’importe quoi.

Il est couramment admis que l’aigle impériale germanique devint bicéphale à l’aube du XVème siècle, les mauvaises langues disant à l’instar de l’aigle à deux têtes de la dynastie des Paléologues qui régnait sur l’Empire byzantin à cette époque. Néanmoins, une aigle bicéphale apparaît bien dans le manuscrit intitulé Historia Anglorum rédigé à Londres vers 1250, soit un siècle et demi auparavant.Les meilleurs traités ne résistent parfois pas à la force des sources originelles.

L’héraldique est constituée de multiples symboles, issus notamment d’un bestiaire local, exotique voire fantaisiste. Outre les aigles, on peut trouver, des ours, des agneaux et béliers, des chevaux, des vaches et taureaux, mais aussi des lions, des léopards (comme les célèbres léopards normands "armés et lampassés d’azur", soit, poussons l’exotisme, qui sont de langue et de griffes bleues), et même des griffons, dragons et autres sirènes.

collection de bijoux avec blason de Normandie

Tours, châteaux, couronnes, crosses épiscopales, étoiles, les éléments de la vie quotidienne ne manquent pas non plus. Nul besoin d’études avancées en symbolisme, ni d'être Robert Langdon, pour comprendre les valeurs, qualités et spécificités qui sont souhaitées être mises en avant.

Souvent aussi faut-il être géomètre pour décrypter les figures, géométriques donc, qui composent nombre de blasons. L’Encyclopédie de Diderot et de d’Alembert propose d’ailleurs des planches pour aider à comprendre et construire ces motifs. Bande, barre, fasce, pal ou chevron par exemple, mais ce ne se sont là que des substantifs, car il existe aussi les adjectifs respectifs : bandé, barré, fascé, palé ou chevronné... Et des fois il faut l’être, chevronné, pour reconnaître des armoiries qui se décrivent comme "D'azur à la bande d'argent côtoyée de deux doubles cotices potencées et contre-potencées d'or", à savoir Champagne !

Mais ne nous trompons pas, tant les nobliaux que la piétaille de l’époque ne savaient ni lire ni écrire, ni même épeler. Ce n’est pas pour rien que les églises étaient d’immenses bandes dessinées. L’emploi de symboles simples et de couleurs limitées facilitait la reconnaissance.

S’est également développé le principe dit des armes parlantes (chantantes disent les Anglois), où il suffit de dire ce qu’on voit sur l’écu pour le reconnaître. Les armoiries du Dauphiné sont à ce titre éloquentes. Et ceci vaut pour toutes les langues. En espagnol, château se dit castillo, ce qui laisse deviner quel symbole représente la Castille...

Ce petit inventaire ne serait pas complet sans citer les croix tellement elles sont nombreuses, quoi d’anormal dans un espace si chrétien, et de diverses formes par souci de recherche de l’unicité : pattée, latine, ancrée, en sautoir, patriarcale, orthodoxe, fleuronnée et bien plus encore. Il existe des motifs au descriptif apparemment fort complexe, telle une "croix cléchée, vidée et pommetée de douze pièces", mais que tous connaissent : la croix dite occitane, du Languedoc ou plus exactement de Toulouse.

Dans l’esprit populaire, les blasons sont l’apanage de la noblesse. Que nenni ! Déjà, les villes avaient elles aussi leurs armoiries.
Qui gare son véhicule dans les rues de Paris se rappellera, souvent trop tard, au bon souvenir de l’horodateur quand il verra poindre non des gents d'armes ou gendarmes, mais des gentes dames en livrée pervenche arborant sur leur manche une bien connue nef blanche, souvenir des puissants nautoniers de la Lutèce romaine même, et aux couleurs rouge et bleu données bien plus tard à la France.

Le clergé mais aussi les bourgeois pouvaient avoir leurs armoiries.
Dans son infinie ingéniosité à créer de nouveaux impôts pour remplir le trésor, par un édit de 1696, le gouvernement obligeait le recensement et l’exclusivité de tous les blasons de France et de Navarre, même de ceux qui n’en avaient pas, fut-ce le moindre petit notable de village. Coût de l’enregistrement : 20 livres ; délivrance de brevet : 1 livre et 10 sous ; port d’armoiries non enregistrées : 300 livres d’amende, un tiers revenant au délateur, et destruction de toute pièce comportant le blason. Le salaire mensuel moyen d’un ouvrier de l’époque étant de 20 livres, ce n’était donc pas à la portée de toutes les bourses.

C’est à partir du moment où le successeur réutilise les armoiries de son prédécesseur, "Le roi est mort, vive le roi", que l’héraldique devient un symbole dynastique, voire un symbole de fief ou d’état. La mainmise de certaines dynasties des siècles durant sur des régions a fait naître une association entre le blason familial et la province, le premier venant à représenter le second, ce jusqu’à nos jours.

Usuellement, seul le titulaire pouvait porter les armoiries familiales. Pour les fils, au blason était adjoint une brisure, à savoir un motif supplémentaire, en France généralement une bande, un lambel (sorte de frise), une bordure, un bâton ou un changement simple de motif ou de couleur.
Dès sa naissance, Philippe de France, deuxième fils de Louis de France et petit-fils de Louis XIV, reçoit le titre de duc d'Anjou et les armoiries associées, "D’azur aux trois fleurs de lys d’or à la bordure de gueules", donc des armes de France brisées.
Les rois d’Espagne d’aujourd’hui ont le blason d’Anjou au cœur de leurs armoiries : Philippe, devenu en 1700 Philippe V, roi d’Espagne, est justement le fondateur de cette maison des Bourbon-Anjou.

Selon la coutume franque des Mérovingiens puis des Carolingiens, l’héritage se faisait par partage des terres entre les fils survivants et se soldait le plus souvent dans un bain de sang fratricide.
Le plus notable de ces partages, le Traité de Verdun de 843 entre les petits-fils de Charlemagne, vit la naissance de la Francie occidentale délimitée à l’est par l’Escaut, la Meuse, la Saône et le Rhône.

Avec les Capétiens, tant pour limiter les ambitions des puînés que pour éviter le morcellement du domaine royal croissant et assurer une relative décentralisation des pouvoirs, le système d’apanage fut progressivement mis en place.
Ce qui explique pourquoi on retrouve les armes de France brisées de l’Artois au septentrion à la Provence au midi, et du Maine à l’occident à la Bourgogne à l’orient.

Les avènements progressifs d’états forts et le concept de peuple et de nation n’ont pu qu’exacerber une identité régionale tant les disparités de parler, de coutumes, d’architecture, d’agriculture, d’artisanat voire de taxes étaient importantes.

Les États de Bretagne adoptent en 1532 un vœu reconnaissant le Dauphin comme duc. Depuis, l’identité bretonne s’est-elle éteinte ?
L’anneau ducal de Normandie a été brisé d’un coup de masse sur une enclume en 1469. Depuis, l’identité normande a-t-elle disparue ? Et quid de l’Alsace, du Poitou ou de l’Auvergne ?
Des provinces intégrées parfois de très longue date dans le domaine royal mais qui ont conservé une identité propre et profonde...

La France a ceci d’extraordinaire que les Français sont prompts à placer sur un piédestal des symboles qu’ils s’empressaient plus tôt à mener au bûcher ou en place de Grève.
Il y a quelques années de cela, avec la réforme des plaques d’immatriculation, n’y a-t-il pas un paradoxe à imaginer un militant d’extrême-gauche, donc se battant pour la défense du prolétariat, choisir une plaque avec la tête de Maure corse, le blason de l’Alsace, de la Bourgogne, de la Lorraine (dont le motif logotisé ressemble davantage à une brochette japonaise) ou de la si artificielle PACA, et donc tel un serf d’antan se placer sous les armoiries d’un aristocrate qu’il pendrait bien volontiers à la lanterne ?

collection de bijoux avec blasons & drapeaux

La dernière réforme des régions taillées à l’arrache et dans la précipitation par des géomètres ès-clientélisme en juin 2014 exacerbe depuis lors le régionalisme et met en pleine lumière querelles de clochers et de beffrois.

Quand on entend dire de Franc-Comtois qu’ils ne sont en rien des Bourguignons, c’est en totale ignorance de la réalité historique. Car qu’est-ce que la Franche-Comté, si ce n’est le comté de Bourgogne, séparé du duché de Bourgogne par le Traité de Verdun, intégrée au puissant état bourguignon du XIVème et XVème siècle avant de rejoindre définitivement la France au XVIIème siècle ?
Pour couronner le tout, ce lion qui orne fièrement les capots des automobiles d’origine franc-comtoise, "D'azur semé de billettes d'or au lion du même armé et lampassé de gueules", a été choisi en 1280 par Othon IV, compte palatin de Bourgogne, avec l’or et l’azur en rapprochement des couleurs de France et en éloignement de l’aigle impériale originelle.
À noter que le comté de Bourgogne est qualifié de franc au même titre que des villes ou des maçons, à savoir l’émancipation tutélaire, ici impériale. Autre anecdote, les billettes qui parsèment le champ de l’écu sont définies comme étant des carrés longs et sont censés symboliser la franchise, au sens de liberté.

Nul n’ignore les doléances des Nantais pour le rattachement de la Loire-Atlantique à la Bretagne, quoi qu’en disent ceux qui ne connaissent que les seules régions administratives. D’ailleurs, si le château des ducs de Bretagne se trouve à Nantes, n’est-il pas logique que Nantes soit en Bretagne ? Et ce ne peut être que confirmé par les cartes anciennes, ou également par un simple examen du blason de Nantes, "De gueules au vaisseau équipé d'or, habillé d'hermine voguant sur une mer de sinople, au chef aussi d’hermine", tant l’hermine ici doublement présente est un symbole majeur de la Bretagne, au même titre que la fleur de lys de la France.

Les armes de Bourgogne, le duché, peuvent résumer à elles seules cette présentation. Elles se décrivent ainsi : "Écartelé en premier et quatrième d'azur semé de fleurs de lys d'or à la bordure componée d'argent et de gueules et en deuxième et troisième bandé d'or et d'azur à la bordure de gueules", ce qui est certes fort complexe pour le profane, alors que l’héraldiste éclairé pourra se contenter d’un "Écartelé de Touraine et de Bourgogne ancien", une évocation d’une ancienne Bourgogne associée à la Touraine qui surprendra tout autant ce même profane.

Ainsi l’héraldique lie en profondeur verbe, image et science, mais aussi symbolisme, histoire et géographie, tout un ensemble qui forme une unité et évolue dans le temps et dans l’espace.

Il aurait été possible de parler
- des origines et des légendes de la fleur de lys française ou du trescheur écossais,
- des armoiries complètes avec tenants, devise, heaume et cimier,
- de ce blason de Bourgogne, du blason de l’Alsace et la règle de courtoisie, de la légende du blason de Lorraine, du blason de la région PACA,
- des chefs des bonnes villes,
- des armoiries européennes,
- des liens avec les drapeaux et les sceaux,
- des blasons modernes que sont les logos,
- etc., etc., etc.,
mais autant faire court.