L'art celtique est avant tout un art décoratif dont la forme à ornementer va influencer l'ensemble du motif.
Il y a 6 caractéristiques majeures de l'art celtique :
1. Le motif est enfermé dans un cadre ou limité par une marge, de forme géométrique.
2. Les ensembles de dessins sont répartis en panneaux, chacun contenant une pièce complète d'ornement.
3. Les types motifs sont restreints : entrelacs, à clés, spirales, zoomorphiques et anthropomorphiques.
4. L'ornementation est géométriquement parfaite, en utilisant des rapports de proportions.
5. Les lignes qui permettent la constitution du dessin sont en diagonale par rapport au cadre.
6. Le motif décoratif prévaut sur le dessin figuratif.
Ce sont ces critères qui définissent l'art hiberno-saxon (dit celtique pour faire court) au cours de son âge d'or (VIIème au Xème siècle), d'après J. Romilly Allen in Celtic art in pagan and christian times.
Les motifs que l'on voit sur les t-shirts vendus en masse dans les boutiques pour touristes en Bretagne sont rarement celtiques, mais le plus souvent de style nordique/viking ou tribal.
Un peu d'histoire...
L'art celtique n'est pas à restreindre à la seule Bretagne continentale, mais également à la Bretagne insulaire, des Cornouailles à la Calédonie, et bien sur à l'Irlande. De même, si le foyer historique des Celtes peut se localiser en Europe centrale quelque part au nord des Alpes, entre la Suisse et la Hongrie, les Celtes se sont dispersés de la Galice au nord-ouest de l'Espagne jusqu'en Anatolie au centre de Turquie (les Galates, d'où le nom du célèbre club Galatasaray), en Gaule bien entendu, mais aussi au Pays de Galles et en Galicie (Europe de l'Est).
Ce petit rappel toponymique de l'origine celtique de nombreux lieux est à mettre en relation avec la numismatique : en effet, on retrouve dans cette même sphère de nombreuses pièces de l'époque pré-romaine frappées de motifs extrêmement similaire. Les Celtes étaient donc présents, installés et/ou commerçants, dans presque toute l'Europe, des rives de l'Atlantique à celles de la Mer Noire.
S'il est reconnaissable par la présence récurrente d'entrelacs, de spirales et de motifs à clé, l'art celtique a au fil du temps été fortement influencé par les apports notamment germaniques au nord et gréco-romains au sud. Ainsi, ce que l'on pense être celtique ne l'est pas toujours...
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Quelques exemples de bijoux celtiques
Les pièces archéologiques (bijoux, casques, fourreaux, etc.) des Premier & Second Âge du fer (civilisations de Hallstatt & La Tène), donc antérieures à l'occupation romaine, montrent avant tout des spirales. La spirale est l'un des marqueurs originels de l'art celtique.
Lors de la christianisation des Îles Britanniques (Saint Patrick : Vème siècle), la fondation de monastères a impliqué le besoin d'objets liturgiques pour célébrer les offices et de livres pour former les moines. Ce matériel a ainsi été importé des centres importants de la chrétienté, comme Rome, Constantinople ou Alexandrie. Ces objets étant ornementés de motifs à clés et d'entrelacs, ils ont été incorporés dans le corpus de l'art dit celtique.
Il est à noter que les premiers manuscrits enluminés proviennent des Chrétiens d'Orient dont les actuels Coptes sont les descendants en Égypte. L'influence de ce style oriental se retrouve dans les manuscrits réalisés dans les Îles Britanniques, notamment dans la représentation des quatre Évangélistes et du Tétramorphe.
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Quelques exemples de bijoux celtiques
Avec l'arrivée dans l'actuelle Angleterre aux alentours du Vème siècle de peuplades germaniques (Saxons, Angles, Jutes, etc.), d'autres motifs spécifiques sont également intégrés : les animaux, comme l'atteste la ressemblance frappante entre des bijoux wisigothiques trouvés en Espagne et des motifs d'oiseau similaires à ceux frappés sur des pièces de monnaie nordiques (période viking).
Le développement des monastères dans Îles Britanniques a permis également la création de scriptoriums où étaient présents des moines irlandais ou anglo-saxons. C'est pourquoi dans les parchemins enluminés le style communément dit celtique est plus exactement appelé hiberno-saxon dans la mesure où sont présents les types de motifs présentés plus haut.
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Quelques exemples de bijoux celtiques
Suite aux migrations barbares, l'Europe Continentale a été re-christianisée, ce essentiellement par des moines irlandais qui fondaient sur leur passage de nouvelles abbayes, avec leur scriptorium. Le moine le plus connu est Saint Colomban, qui a fondé entre autres l'abbaye de Luxeuil en Franche Comté, et parmi ses suivants Saint Gall, qui a lui fondé l'abbaye éponyme, dans le canton également éponyme de Suisse.
Pour l'anecdote, la boutique de La Blanche Hermine est située à Quimperlé sur la paroisse Saint Colomban, ça ne s'invente pas...
Ceci explique la diffusion du style hiberno-saxon dans les manuscrits, tant dans la graphie (la semi-onciale insulaire) que dans les motifs, ce jusqu'à la réforme culturelle carolingienne (et la création de la caroline).
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Quelques exemples de bijoux celtiques
Et en détail...
- Le triquètre, le Nœud de la Trinité
- La croix celtique, ou croix celte
Voir aussi : Sur l'utilisation des symboles